Examen anatomo-pathologique

Le prélèvement tissulaire pratiqué lors de l’acte chirurgical est plongé dans un liquide de conservation (formol) et acheminé dans un laboratoire d’analyse spécialisé en anatomie pathologique.
Après des étapes de fixation (formol), de déshydratation et d’enrobage, les prélèvements de tissu mammaire sont inclus en petits blocs de paraffine. À partir de ces blocs, de très fines coupes (4 micromètres) sont réalisées et apposées sur des lames en verre. Les blocs sont conservés de nombreuses années et peuvent être à tout moment réemployés si nécessaire pour des analyses supplémentaires.
Les coupes sont colorées chimiquement (coloration HE), révélant les cellules qui constituent la lésion, et sont alors examinées au microscope par le médecin spécialiste (pathologiste).
C’est ainsi que le pathologiste établit le diagnostic formel et définitif d’un cancer du sein. Dans un certain nombre de situations, son analyse viendra au contraire démentir l’hypothèse clinique et/ou radiologique de cancer.
Dès l’étape de la biopsie et avant l’ablation chirurgicale de l’ensemble du tissu tumoral, le pathologiste peut préciser de nombreuses caractéristiques qui seront indispensables aux décisions thérapeutiques, en particulier dans le choix des médicaments anticancéreux :
1 – Caractère invasif (infiltrant) ou in situ (cantonné aux lobules de la glande mammaire)
2 – Grade de malignité de la tumeur (1, 2 ou 3) qui reflète son potentiel d’agressivité
3 – Type histologique : canalaire (NOS), lobulaire ou type spécial, qui traduit l’apparence morphologique du cancer et donne aussi des indications sur son comportement prévisible
4 – Facteurs biologiques : ceci nécessite des colorations spécifiques particulières dites «immunohistochimiques»
5 – Présence et quantification des récepteurs hormonaux : la cellule tumorale peut contenir des récepteurs aux oestrogènes ou à la progestérone qui en captant ces hormones dans le sang, favorisent sa croissance. La tumeur est alors dite hormonosensible et répondra vraisemblablement à une hormonothérapie (par exemple le tamoxifène)
6 – Présence ou non d’une surexpression de HER2 : ce récepteur, situé à la surface des cellules tumorales, capte différents facteurs de croissance. Dans 15 à 20 % des cancers du sein, une mutation dans le matériel génétique de la cellule tumorale (amplification du gène HER2) se traduit par la présence d’un nombre très élevé de récepteurs HER2. De telles tumeurs ont généralement une croissance forte mais sont susceptibles de répondre à un traitement dit « ciblé », comme par exemple le trastuzumab (Herceptin®), qui bloque spécifiquement l’activité du récepteur HER2 et étouffe la prolifération tumorale.
7 – Mesure de l’indice de prolifération (MIB1 ou Ki67) : c’est un pourcentage traduisant la proportion de cellules engagées dans le cycle de division cellulaire. Il donne une indication supplémentaire à l’oncologue pour choisir le traitement le plus adapté, en particulier décider de l’opportunité d’une chimiothérapie.
8 – Tests moléculaires : l’oncologie a parfois besoin d’informations supplémentaires à propos des caractéristiques génétiques de la tumeur, pour mieux en évaluer son pronostic. Ces différents tests (OncotypeDX, Prosigna, Endopredict….) l’aideront à se déterminer et à proposer avec encore plus d’arguments le traitement le mieux adapté. Un bloc en paraffine de la tumeur est adressé au laboratoire d’analyse moléculaire situé aux Etats Unis ou en Europe. Le résultat est généralement obtenu dans un délai de 2 semaines.

Examen anatomo-pathologique de la pièce opératoire

La tumorectomie ou la mastectomie, les ganglions sentinelles et/ou le curage ganglionnaire sont adressés au laboratoire pour un examen complet et l’établissement du diagnostic final, en particulier de l’extension tumorale.
Le pathologiste procède à l’examen macroscopique, c’est dire à l’œil nu, de la pièce :
Le poids et les 3 dimensions de la pièce sont notés.
La surface externe de la pièce est peinte avec des encres indélébiles de différentes couleurs sur chacune de ses faces afin de bien identifier les bords (marges) de l’excision; la pièce est ensuite coupée en tranches successives de 1 à 2 cm.
La tumeur est précisément mesurée ainsi que sa distance par rapport aux différentes marges de l’exérèse (6 faces)
Le pathologiste effectue ensuite de nombreux prélèvements, orientés sur la tumeur et les marges de la pièce pour les soumettre à l’examen microscopique. Il dissèque également tous les ganglions excisés par le chirurgien (sentinelle ou curage) et les analyse intégralement.
L’examen microscopique consiste à confirmer le diagnostic de cancer, à le caractériser et à déterminer précisément son extension loco-régionale.

Le rapport de pathologie doit en particulier préciser :
– la taille définitive de la tumeur
– le type et le grade définitifs de la tumeur
– la distance de la tumeur par rapport à l’ensemble des marges chirurgicales
– la présence éventuelle de métastase ganglionnaire
– l’établissement du stade pathologique final (classification TNM internationale)

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